Mohamed Ould Idoumou a trente ans. Il est poète et apprentis cinéaste. Idoumou est l’auteur du film «Voyage d’une Temreguid» (femme imraguen). Il a immortalisé les images de la rencontre entre des femmes d’un village Imraguen et des habitantes de Diawling.
Comment Idoumou, natif de kiffa, en est-il venu à s’intéresser aux femmes de Diawling et aux Imraguen. Pour lui, comme pour tous les membres de la maison des cinéastes de Nouakchott, «Rapprocher les hommes et les cultures », plus qu’un slogan, est une réalité quotidienne.
« Souvent les hommes se haïssent les uns les autres parce qu’ils ont peur les uns les autres. Ils ont peur parce qu’ils ne se connaissent pas. Ils ne se connaissent pas parce qu’ils ne peuvent pas communiquer. Ils ne peuvent pas communiquer parce qu’ils sont séparés.»
Ces mots de Martin Luther King et son portrait sont accrochés dans le bureau de Abderrahmane Ahmed Salem, président de la Maison des cinéastes.
Il y a aussi les visages de Maalouma Mint Meyadah, Saidou Kane, Abdel Kader, Gandhi…..Ils font tous partie des modèles, des inspirateurs de la maison des cinéastes. «Ces grands hommes et femmes ont su donner une dimension internationale aux valeurs puisées dans leurs propres cultures.» dit Abderrahmane en montrant les portraits. Amener les jeunes de toutes les communautés mauritaniennes à suivre en même temps le même programme à la télévision nationale.
Cet exploit a été réalisé par la maison des cinéastes. Elle a produit pour la TVM Plus un programme montrant quatre jeunes qui animent une émission dans les quatre langues nationales (Arabe, Poular, Soninké et wolof). Mieux, cette émission n’est pas un dialogue de sourds. Le jeune soninké intervient souvent en arabe, le Wolof en poular, le poulars en wolof…Avant l’holocauste, il y a eu Mein kampf. Avant la guerre civile en Côte d’Ivoire, il y a eu le débat « intellectuel » sur l’ivoirité.
Avant les affrontements sanglants en 89 en Mauritanie et au Sénégal, il y a eu la guerre des ondes. Avant le génocide rwandais, il y a eu la radio des mille collines. L’exacerbation des différences culturelles ou raciales, ça vient très souvent de «l’élite». C’est elle qui pense les pogroms et poussent les gens ordinaires paisibles à prendre les machettes. Abderrahmane Ahmed Salem pense justement qu’en Mauritanie, comme partout ailleurs, le problème de la diversité culturelle n’est pas social mais politique.
A la maison des cinéastes, les différences ne sont pas des barrières pour Harouna, Taleb, zeinabou, Traoré, Boike, Moussa….La langue, pour tous ces jeunes, n’est pas une idéologie. C’est un pont vers l’autres, vers d’autres cultures, d’autres horizons. Ces jeunes, comme leur modèle, le cinéaste Abderrahmane Cissako, ont compris que «l’identité composée n’est pas un défaut mais une richesse.»
Le souci de la maison des cinéastes est de rapprocher les jeunes mauritaniens des différentes communautés du pays au moyen de l’image. Montrer l’autre pour faire disparaître les méfiances réciproques. Ainsi, le film portrait d’un jeune habitant de Maata Moulana a été projeté à Touldé (Boghé) et vice versa.
C’est cet esprit de découverte qui a conduit la maison des cinéaste, en collaboration avec «Vent du Sud» à organiser le voyage de jeunes du lycée de Ouadane en France. Ils sont allés à Salon de Provence où ils ont rencontré leurs homologues du lycée Adam de Carponne. De cette rencontre est né un film réalisé par les élèves des deux lycées. Echapper aux pesanteurs sociales
Par le Programme «Vivons ensemble», la Maison des cinéastes s’attaque aussi aux complexes sociaux liés au système de castes et autres lourdeurs facteurs de divisions. «Sur les bancs de l’école, un amour est né entre deux jeunes adolescents : une mauresque et un halpoular. Une fois majeurs, ils décident de se marier. Face à cet idylle, se dressent deux obstacles : Les deux mamans des deux adolescents.»
C’est le résumé du scénario d’un film réalisé par des jeunes d’El Mina. Et, dans ce film, il est montré que ni l’Islam ni la légalité ne s’opposent à l’union des deux amoureux. Pour échapper aux pesanteurs sociales, ils décident de s’enfuir pour aller ailleurs, pour aller là où la couleur de la peau, la langue, la culture…n’interdisent pas de s’unir.
A la fin du film, au moment où les amis des deux jeunes amoureux tentaient, sous un arbre duquel tombaient des fleurs, de les convaincre de ne pas fuir, d’assumer leur union et de s’assumer, les deux mamans arrivent. L’une munie d’un gourdin. L’autre d’une cravache. Les deux femmes se mettent à la poursuite des jeunes et sous leurs pieds, s’écrasent les fleurs tombées de l’arbre. Combien de cœurs on été brisé par la mentalité moyenâgeuse interdisant au fils du forgeron d’aimer la fille du marabout, au fils du cordonnier de se marie avec la fille du pêcheur… ?
L’objectif de la maison des cinéastes est d’étendre le climat d’ouverture créé en son sein à toute la société mauritanienne. Les membres de la Maison des cinéastes s’efforcent de tout faire dans les quatre langues du pays. «Il nous arrive de refuser de produire un spot publicitaire quand le client refuse la condition des quatre langues» dit Abderrahmane Ahmed Salem.
Les teinturières après les Imraguens
Chaque édition de la SENAF (semaine nationale du film) est organisée sur fond de présentation d’une facette ou d’une composante de la culture nationale. Au cours de la dernière édition, les Imraguen étaient à l’honneur. La SENAF a permis aux mauritaniens de découvrir que ces Imraguen n’étaient pas seulement des pécheurs mais représentatifs d’une culture et de certaines spécificités.
Pour l’édition à venir, les teinturières Soninkés seront mises aux devants. Au-delà de la dextérité légendaire de ces femmes qui font briller l’indigo, il s’agira de monter toute une culture, les richesses culturelles de toute une communauté. Du Président de la république au marchand ambulant, il n’existe pas un mauritanien ou une mauritanienne qui n’ait déjà endossé un boubou ou un voile sortis des vases bouillantes des teinturières. La teinture, au-delà des femmes soninké, est donc un thème unificateur.
Le trait commun aux jeunes de la maison des cinéastes, c’est ce désir presque obsessionnel d’échanger avec l’autre, de le comprendre de composer avec lui. En cette période de menace terroriste, c’est ce «fondamentalisme de la diversité» qui constitue le meilleur rempart contre ceux qui pensent que tuer des innocents peut conduire au paradis.
Khalilou Diagana
khalioubi@yahoo.fr
Maison des cinéastes: Pour la citoyenneté et contre la division
La Maison des Cinéastes est une institution culturelle à but non lucratif qui a été fondée par Abderrahmane Ahmed Salem en 2002. Depuis 2006, elle organise Chaque année une semaine nationale du film (SENAF). La troisième édition aura lieu du 23 au 29 juin 2008.
Parmi les objectifs de la Maison, on peut, entre autres, citer : la création et la valorisation de la culture cinématographique en Mauritanie, la diffusion de la culture de communication, du rapprochement, de la tolérance et de l’acceptation de l’autre et la diffusion de la culture de la citoyenneté, de la démocratie, de la justice et des valeurs républicaines.
La maison des cinéastes rejette tous les actes, les activités et les idées qui portent atteinte à l’unité nationale, aux valeurs de la République et aux acquis de l’Etat, tous les actes, les activités et les idées qui portent atteinte à l’une des religions célestes, tous les actes, les activités et les idées qui propagent la haine, la confrontation, les divisions et les guerres
La France, l’Allemagne, l’Espagne, la Belgique, la délégation de la commission de l’Union européenne en Mauritanie et, naturellement, le ministère mauritanien de la culture et de la communication sont, entre autres, les soutiens et partenaires de la Maison es Cinéastes.
merci pour cette decouverte, je vous propose le site de la maison des cinéastes www.maisoncineastes.com
Coucou à vous de la part d'Emmanuelle de la caravane...
Super blog. Merci, c'est un vrai bon moyen pour découvrir vos actions et votre travail.
On sera très fier d'établir le lien avec vous quand le blog de la caravane AfroDream sera établit.
Mais on est moins rapides que vous !
On vous tient au courant.
A bientôt à Nouakchott !
Emmanuelle
de Toulouse et de Alef
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